POURQUOI une Association d'habitants à Leucate-Plage ?
Au début des années 80,
l'urbanisation de Leucate-Plage connaît une extension considérable dans le secteur dit de La Falaise.
Mais les nouveaux propriétaires vont être confrontés à l'inertie de la municipalité pour faire respecter la réglementation sur la hauteur des immeubles, assurer la police de la construction vis à vis des dommages causés par des entreprises de construction, réaliser l'aménagement des sentiers piétonniers qui doivent relier le quartier au reste de Leucate-Plage.
Pour faire valoir leurs droits ils vont créer en 1987 l'Association de Défense des Propriétaires de la Falaise de Leucate (ADPFL) afin d'obtenir de la Mairie qu'elle remplisse ses engagements et ses obligations de service public communal.
Pour comprendre ces difficultés il faut remonter au début des années 1970 :
Dans un contexte de très forte pression foncière provoquée par la création des stations du littoral Languedocien (dont Port-Leucate et Port-Barcarès) et la démoustication des étangs, avec les grands équipements qui les desservent (autoroutes, voies rapides, stations d'épuration...), un projet très ambitieux d'aménagement et de lotissement de la Falaise, du Briganti jusqu'à la route du Phare, qui doublerait la surface urbanisée de Leucate-Plage, est lancé.
Il est extrêmement original par la procédure utilisée : la maîtrise d'ouvrage, le financement des études et des travaux ne sont pas assurés par la Commune ou par un lotisseur privé comme d'habitude, mais par la centaine de propriétaires fonciers regroupés autoritairement, après enquête publique, dans une Association Syndicale Autorisée d'Aménagement de Leucate-Plage (ASAALP). Elle a pour objet « la réalisation des voies publiques (les propriétaires cèdent 20% de leur terrain pour les voies, réseaux, équipements), l'établissement du projet de remembrement et l'approbation du projet de lotissement ».
L'ASAALP est dirigée par un directeur choisi au sein des représentants élus des propriétaires -les syndics- avec l'assistance de techniciens privés recrutés par l'Association (ingénieur-conseil, bureau d'étude, géomètre, notaire, urbanistes), le secrétariat étant assuré par la mairie.
Il ne faudra pas moins de 10 ans pour voir le démarrage des travaux en 1980 après moult péripéties et un coût, entièrement supporté par les propriétaires, passé de 6 à 11,5 millions de Francs. La réception des travaux est faite le 25 juin 1981 et l 'ASAALP vote sa dissolution en AG extraordinaire le 19 août 1984 : « le but de l'association ayant été accompli (...) les ouvrages étant terminés et réceptionnés ont été de plein droit incorporés immédiatement dans le domaine public de la Commune ». Mais il faudra attendre encore 10 ans pour que le Conseil Municipal de Leucate formalise la reprise de la voirie par la Commune !
Pourtant, dès 1981, la Commune qui s'est dotée d'un POS avec un secteur UH délimité par le périmètre de l'ASAALP, délivre des Permis de Construire et très rapidement quelques villas et plusieurs copropriétés (les Maisons de la Falaise, les Coralines...etc) sortent de terre. Les propriétaires de ces logements vont être confrontés alors à plusieurs problèmes mettant en cause la municipalité, ce qui les amène à créer une association pour défendre leurs intérêts, l'ASAALP dissoute n'étant plus en capacité juridique de les régler.
Le 22 juin 1987
les quatre membres fondateurs déposent les statuts de l'Association de Défense des Propriétaires de la Falaise de Leucate – ADPFL. Elle a pour but « le maintien et l'amélioration de l'environnement, la défense des intérêts communs des propriétaires de la Falaise de Leucate ».
Trois problèmes principaux suscitent cette création :
- un problème de police municipale : la dégradation des voies et équipements (éclairage public) par les entreprises de construction ne font pas l'objet de constats de la Mairie alors que les travaux d'aménagement étant terminés et réceptionnés la voierie tombe ipso-facto dans le domaine public communal. Il faudra plusieurs années d'interventions de l'ADPFL auprès des autorités (préfecture, mairie) pour aboutir aux décisions administratives régularisant la reprise des voiries par la commune (1991) et l'acceptation par le Conseil Municipal des 143 984 Francs restant de la gestion de l'ASAALP dans les caisses du Percepteur (1994) pour finir l'aménagement du secteur.
- un problème d'urbanisme : Le dépassement de la hauteur des bâtiments autorisée par la réglementation dans le secteur UH, dans une copropriété rue du Sémaphore bouche la vue des résidents des Maisons de la Falaise. La commune tente de modifier le POS pour faire admettre une interprétation de la règle favorable à ce dépassement. Deux responsables de l'ADPFL qui habitent les Maisons de la Falaise et ont donc un « intérêt à agir » dans cette affaire attaqueront la Commune pour cette modification devant le Tribunal administratif puis au Conseil d’État qui leur donnera raison (décembre 1992).
- L'absence d'aménagement des sentiers piétonniers qui relient les différentes parties de l'ASAALP au secteur de La Plage. Cet aménagement n'a pas été compris, à la surprise des propriétaires, dans les travaux d'aménagement de l'ASAALP : leur emplacement, qui recouvre les réseaux d'eau et assainissement et fait partie de la voirie communale, reste en l'état de friche. Or les propriétaires avaient obtenu lors de la dissolution de l'ASAALP un engagement du représentant de la Municipalité de les réaliser, en compensation de travaux d'enrochements de l'avenue du Briganti qu'ils ont payés à hauteur de 200 000 Francs, alors qu'ils auraient dû être supportés par la commune. La commune va mettre très longtemps à les réaliser, puisque le dernier, le chemin du Moural de Ville, n'est toujours pas matérialisé 30 ans après, et que les premiers sommairement aménagés doivent être complètement repris.
Les années pionnières 1987-1995 :
Défense des propriétaires auprès des autorités et de la justice sous l'ancienne majorité municipale
Deux des raisons principales de la création de l'ASAALP vont être résolues au cours de ces années décisives : la reprise de la voirie dans le domaine public et l'application de la réglementation de la hauteur des constructions sur le secteur, souci constant pour ceux qui ont choisi d'habiter sur la Falaise pour la vue sur la mer et/ou sur l'étang.
L'activité de l'Association - qui compte plus de 160 adhérents réguliers dont plusieurs co-propriétés - va alors se porter principalement sur les questions d'aménagement et d'entretien du quartier et de son environnement, ainsi que sur le développement de la convivialité de voisinage. La commune va engager lentement mais progressivement des travaux et des actions répondant aux demandes de l'ADPFL :
- 1989 : goudronnage du chemin de la Chapelle ;
- 1990 : arrêté municipal d'interruption des travaux du 1 juillet au 31 août ;
- 1991 : réalisation de l'escalier Sentier de l’étang (haut) ; Rond-Point sortie du quartier : avenue du Sémaphore/CD327 (Avenue Général de Gaulle) ; début de reprise de l’éclairage public rue du Sémaphore; déplacement du ball-trap;
- 1992 : aménagement sommaire du sentier des Lavandes avec reprise de "pluvial" ; réfection de la chapelle entrée du quartier ;
- 93-94 : réfection entrée du village, création du cheminement piétonnier et espaces verts, reprise "pluvial"
Les années 1995-2004 :
Continuité de l' action de l'ADPFL pour l'aménagement et l'entretien du quartier avec une nouvelle majorité municipale.
Roger MEYNIER, qui était alors le Président de l'ADPFL, rentre au Conseil municipal dans l'équipe de Michel PY au poste stratégique d'adjoint à l'Urbanisme qu'il occupera jusqu'à sa disparition accidentelle en décembre 2007. Au cours de son premier mandat il va faire évoluer le plan d'urbanisme initial du quartier notamment en ouvrant la rue du Cers, et en favorisant les lotissements de maisons individuelles dans le secteur de l'impasse St Pierre plutôt que les co-propriétés
L'ADPFL va poursuivre son action avec une nouvelle génération de Présidents et obtenir de nombreuses réalisations dont :
- l'aménagement (jardin et boulodrome) du square Henri GROSSETETE, premier président de l'Association décédé en 1994 ; la restauration de la chapelle à l'entrée de Leucate-Plage ; plantations de pins avenue du Sémaphore dans sa partie entièrement minérale ; pose de grilles pour la collecte des eaux pluviales ; éclairage public complété et réglementation de la circulation améliorée rue du Chemin Haut de la Mer ;
- dans l'environnement immédiat du quartier : pose de buses de passage des eaux sous la voie rapide, fragments de revêtements routiers moins bruyants au droit du quartier ; WC sur la plage boulevard du Front de Mer ;
- l'aménagement de plusieurs sentiers piétonniers mais sans véritable politique globale et avec une qualité très inégale tant du point de vue fonctionnel qu'esthétique.
En 2003 il reste encore beaucoup à faire et les sujets de mécontentements sont nombreux et récurrents d'année en année :
- sentiers non réalisés ;
- signalétique des rues et sentiers incohérente ou trompeuse (l'avenue du Sémaphore qui conduit tous les visiteurs non pas au Sémaphore mais à une impasse ! ) ;
- panneau de ville avec indication des copropriétés à l'entrée du quartier réclamé chaque année depuis 1995 toujours pas implanté ;
- mauvais entretien des sentiers ;
- pas de ramassage des déchets verts et des encombrants ;
- malpropreté des emplacements des bennes à ordures.
Ces constats reviennent tous les ans.
Les années récentes 2005-2012 :
Relance de l'action de l'association pour que les aménagements soient enfin terminés et pour être reconnue par la municipalité comme interlocuteur, à consulter en amont des projets concernant la vie du quartier de la FALAISE.
Constatant l'absence de continuité dans la prise en compte par la commune des problèmes particuliers du secteur de la Falaise issu de l'ASAALP, et décidée à en finir avec les éternels problèmes de sentiers promis, l'Association réalise une cartographie des voies piétonnes du secteur de la Falaise (qui n'existait pas) et un état des lieux, base d'une programmation pluriannuelle des travaux à réaliser.
Un renouvellement du dialogue avec la mairie s'instaure avec quelques résultats : le Sentier du Sémaphore (qui ne va pas au sémaphore, bien sûr !) puis le bas du Sentier de l’Étang seront aménagés. D'autre part en 2006 l'Association est conviée par la Mairie à une réunion de travail avec le bureau d'études chargé de proposer une politique de circulation pour Leucate (toutes entités) dont un volet signalétique. À cette occasion, le secteur de l'ASAALP se verra reconnaître une identité sous le nom de « Quartier de la FALAISE », et ses caractéristiques intégrées dans le panneau de Ville « Leucate-Plage » enfin implanté après 20 ans de demandes à l'entrée de l'avenue du Sémaphore.
Mais le soufflé retombe rapidement après les élections de 2007. Malgré une présence plus assidue de la municipalité aux AG de l'association, les problèmes récurrents d'entretien des sentiers, de propreté des logettes avancent difficilement et les derniers aménagements (sentier du Moural de Ville, réfection du sentier des Lavandes) ne démarrent pas.
La conclusion qu'en tire le CA en 2010 : un bilan globalement très positif, mais beaucoup d'énergie dépensée au regard des résultats obtenus.
- d'une part le secteur de la Falaise est toujours aussi peu pris en charge par les services municipaux qui le connaissent mal, et par la municipalité qui n'identifie pas budgétairement les dépenses nécessaires d'entretien et d'aménagement du secteur. Aussi le nouveau CA a élaboré un document « Programme » véritable guide à l'intention de la Municipalité sur l'ensemble des préoccupations et demandes des habitants du quartier, lui permettant de mieux coordonner et programmer ses interventions et donc de mieux répondre à ces demandes. Ce document semble avoir été apprécié par le maire et ses services.
- d'autre part 25 ans après sa création, les objectifs de l'association doivent être actualisés pour s'adapter au nouveau contexte leucatois (en particulier le terme « défense » des propriétaires n'est plus compris). La population des résidences secondaires se renouvelle ou vieillit et des résidences secondaires évoluent vers des résidences principales. La construction des terrains du secteur ASAALP est quasiment achevée. L' intégration des secteurs de la Plage et de la Falaise vers une entité LEUCATE-Plage plus forte et mieux reconnue constitue un nouveau défi pour ceux qui ont fait vivre et reconnaître l'ADPFL au cours de ces 25 ans.
2012-2017 : Renouveau de l'Association étendue à l'ensemble de LEUCATE-PLAGE
Pour être mieux prise en compte par la Commune, l'ADPFL, après de nombreuses consultations de résidents de Leucate-Plage qui envisageaient la création d'une seconde association, décide lors de l'AG de 2012 d'étendre son domaine d'intervention à l'ensemble de Leucate-Plage.
L'assemblée Générale de 2013 modifie en conséquence les statuts et le nom de l'association, qui est désormais APPFL - Association de Protection de la Plage et de la Falaise de Leucate et se dote d'un site internet "www.leucateplage.fr". Le Conseil d'Administration repésentatif de La Plage et de La Falaise maintient les orientations antérieures - aménagement, entretien, sécurité - et en développe de nouvelles : contributions aux Enquêtes Publiques, animation estivale, protection de l'environnement. Les AG se dérouleront désormais au GALION, mis gracieusement à disposition par son propriétaire.
Dans les années qui suivent on peut noter :
- En 2014 la réfection en dur de l'escalier du Sentier des Lavandes enfin réalisée, ainsi que la consolidation de la butte du Jardin du Moural de Ville et le nettoyage de l'Abri des Pêcheurs à l'entrée de l'Avenue du Sémaphore.
- En 2015 la réfection complète du Chemin du Mouret avec un sens unique pour les voitures et une voie réservée piéton/vélo, conformément à nos demandes. En matière d'urbanisme, lors de l'Enquête publique pour la 7ème modification du PLU, l'Association s'oppose vigoureusement à la possibilité de construire un Hôtel de 14m de haut à l'emplacement du Parking du Galion. Le Maire retirera cette modification et reportera le projet d'hôtel à côté du casino de Port-Leucate.
- En 2016 l'Association apportera une contribution importante à l'Enquête Publique du PPRL de Leucate (Plan de Prévention des Risque Littoraux). Il s'agit d'interdire de nouvelles constructions dans les zones non urbanisées, comme le Parking du Galion, ou de les dissuader dans les zones déjà urbanisées et d'imposer des règles de prévention des risques dans les zones les plus inondables.
En matière d'aménagement, deux sites sont équipés de containers à déchets enterrés, demande formulée depuis longtemps par l'Association.
Par ailleurs l'Association lance l'opération Cinéma à la Plage, avec la projection de "Cinéma Paradiso" en juillet 2016, qui connaît un grand succès (environ 300 spectateurs).
- En 2017 Devant le succès de Cinéma sur la Plage, la Mairie s'associe à l'opération avec un engagement de financement de 3 séances sur 4 programmées pour l'été.
Prenant en compte la promulgation du PPRL de Leucate en janvier, l'Asssociation s'efforce d'apporter à ses adhérents une information sur les obligations d'études et de travaux imposées aux propriétaires suivant la localisation de leur logement.
D'une façon générale on observe au cours de ces dernières années une amélioration très progressive de la propreté et du verdissement de Leucate-Plage, pour lesquels il reste encore beaucoup à faire néanmoins...
Conclusions
L'association a réussi le passage de l'ADPFL à L'APPFL : l'Association existante depuis 25 ans a su se renouveler, se montrer force d'actions, de propositions, d'analyses à l'échelle de Leucate-Plage, et elle est reconnue comme telle dans le paysage leucatois.
Le Cinéma sur la Plage doit être pérennisé. Mais aussi les actions de fond pour la propreté, l'entretien des espaces verts, la sécurité des cheminements piétons et cyclistes ou la lutte contre le bruit doivent être inlassablement poursuivies.
Mais surtout, les conséquences de la promulgation du PPRL et la mise en révision du PLU par la municipalité fin juin 2017, combinées à une pression foncière toujours croissante, ouvrent une nouvelle période de forte évolution potentielle en matière d'urbanisation. Donc une très grande vigilance est indispensable pour préserver la qualité du cadre de vie et de l'environnement, justifiant encore si besoin était, la nécessité d'une association forte et représentative des habitants et amoureux de Leucate-Plage.